La BBC a récemment recommandé à ses présentateurs de bannir les «avant et après
Jésus-Christ» pour exprimer les dates en leur demandant d'utiliser des termes
religieusement neutres. Ce sont donc respectivement «avant l’ère commune» (AEC)
et «de l’ère commune » (EC) qui devraient être adoptés, mais des présentateurs
historiques de la chaîne s’y opposent selon un article du Telegraph du 26
septembre.
Proposée au départ par des spécialistes de déontologie de la chaîne pour ne
pas porter atteinte aux non-chrétiens, et par devoir d’impartialité, cette idée
a été très mal reçue par des chrétiens traditionalistes et certains journalistes
parmi les plus connus de la chaîne, qui ont décidé de ne pas la suivre: «Je
ne vois pas de problème à l’utilisation d’“avant JC” ou “après JC”, compris de
tous», explique John Humphrys, l’un des journalistes historiques de la
chaîne.
«Je dis avant, après JC, parce que je
comprends ces termes. En revanche, je ne sais pas ce que signifie “ère commune”.
Pourquoi serions-nous dans l’ère commune en 20 après JC et pas en 20 avant JC?»,
explique Boris Johnson, maire de Londres qui présentait un documentaire sur
l’empire romain à la BBC. Il est même allé jusqu’à qualifier l’adoption de cette
nouvelle dénomination de «puérile, absurde et
anti-démocratique» dans une tribune du Telegraph du 26 septembre.
Le début de ladite «ère commune» est fixée sur les mêmes repères que le
calendrier grégorien, utilisé dans le monde entier. Et certains critiques
défendent que même si les termes ne font plus référence à la naissance de Jésus
Christ, les repères eux si, et qu'au final il n’y aurait pas de grand
changement.
Selon des personnalités anglicanes importantes, notamment le Dr Mickael
Nazir-Ali, ancien évêque de Rochester, cette tendance représente
«le nivellement par le bas des bases chrétiennes
de notre culture, langue et histoire».
Mais le terme d’«ère commune» figure déjà dans de nombreux livres d’éducation
religieuse, institutions –bibliothèque de Grande-Bretagne– ou est régulièrement
adopté dans des contextes multi-religieux ou non-religieux. Certains
présentateurs de la BBC l’utilisaient même déjà, notamment ceux des programmes
populaires comme Jeremy Paxman ou Melvyn Bragg.
La chaîne se défend en fait d’avoir imposé le passage aux termes
religieusement neutres et son porte-parole a déclaré que les émissions étaient
libres d’adopter les termes qui leur convenaient. |